[Le travail social aux Pays-Bas] Généralités et différences culturelles

Si les grands problèmes sociaux en France et aux Pays-Bas sont relativement similaires, les objectifs et la mise en œuvre des politiques sociales présentent des différences sensibles : la clarification des rôles respectifs des pouvoirs publics (État et communes) et des acteurs associatifs de terrain, la sollicitation des aidants familiaux dans le soutien informel des proches aux personnes dépendantes (mantelzorg), l’approche complémentaire entre action sociale et soins de santé, l’utilisation massive du bénévolat, les différences culturelles et sémantiques, une grande qualité des infrastructures, une privatisation des acteurs sociaux.

La fin de l’Etat providence

Depuis 2015, avec la loi Wmo (Wet Maatschappelijke Ondersteuning) sur l’accompagnement social, les pouvoirs publics néerlandais mettent en œuvre une nouvelle politique sociale qui transforme les habitudes. Les Pays-Bas se trouvent dans une période de transition au cours de laquelle l’État réforme le domaine social. Cette réforme transfère une grande partie de la responsabilité de l’État-providence (avec une remise en cause de décisions top-down peu efficaces) vers les communes qui sont devenues le principal niveau de décision et d’organisation de l’action sociale (avec un transfert des compétences et des financements). L’objectif étant de mieux répondre aux besoins et aux spécificités des territoires au plus proche des habitants tout en améliorant l’efficacité budgétaire.

La capacité personnelle et les aidants familiaux (mantelzorg : aide des proches et de l’entourage) avant l’aide publique

Aux Pays-Bas l’autonomie et la responsabilité de l’individu sont des valeurs culturelles importantes. Elles permettent aussi de faire des économies budgétaires dans le domaine social. Avec la recherche constante d’économies budgétaires, la pression s’intensifie pour essayer d’organiser le premier niveau d’assistance autour de la personne qui en a besoin (mantelzorg) avant de solliciter les pouvoirs publics. Ainsi, en cas de besoin d’assistance sociale ou médicale, on va regarder ce que l’individu peut encore faire lui-meme, puis on va ensuite essayer de trouver de l’aide auprès des membres de sa famille (conjoint, parents, enfants), de ses amis et de ses proches, ou de ses voisins, avant de faire appel à une aide de la commune.

Approche complémentaire entre « action sociale » et « soins de santé »

Les problèmes sociaux peuvent être liés à des problématiques de santé. Si une meilleure prévention en matière de santé ne peut qu’entrainer des gains budgétaires importants, les communes distinguent leurs actions (types d’aides et qualifications des professionnels) pour ces deux enjeux : bien-être (welzijn) et soins de santé (zorg).

L’importance fondamentale du bénévolat

La plupart des acteurs associatifs de terrain font appel à un grand vivier de bénévoles. Près d’un néerlandais sur deux, âgé de moins quinze ans, se porte au moins une fois par an volontaire. Leur rôle sociétal change. De plus en plus souvent, ils prennent la relève des professionnels. On assiste dans ce cadre à une éviction tendancielle du travail salarié par le travail bénévole. Cette « professionnalisation » peut engendrer des tensions dans certains secteurs de l’économie qui en deviennent dépendants.

Des différences culturelles … et sémantiques

Le rapport à l’argent, le degré d’engagement, la hiérarchie, la communication, sont autant de domaines où les différences sont sensibles. La notion de service donné (dienstverlening), qui correspond à la satisfaction d’un besoin exprimé, peut parfois étonner les Français, notamment lorsque le mot « client » est utilisé aux Pays-Bas quand en France on préfère le mot « usager » (il y a deux mots aux Pays-Bas pour client : « klant » qui est un client commercial, et « client » qui est une personne à qui on délivre un service).

Une grande qualité des infrastructures

La qualité, modernité et fonctionnalité, des infrastructures néerlandaises (bâtiments, transports) facilite grandement l’efficacité de l’action sociale. Tout comme la richesse des offre de services ou des solutions déjà mises en œuvre pour les publics cibles (équipements spécialisés pour les handicapés, services à domicile pour les personnes agées, mobilité, sécurité)

Une privatisation des acteurs sociaux

La distinction « service public » / « acteur privé » a moins de sens aux Pays-Bas. Les initiatives sont jugées pour leur valeur ajoutée par rapport à un besoin. Sur une problématique à régler, ou sur un marché à attribuer, une commune peut faire appel à une association ou une entreprise en fonction des résultats escomptés (niveau de service et coûts pour la collectivité).


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