Dossier rédigé par Tanguy LE BRETON, consultant interculturel spécialiste des Pays-Bas. Pour toute question : +31 648912280
Les différences culturelles entre Français et Néerlandais sont nombreuses et passionnantes ! Il est important de savoir les reconnaître pour prévenir les incompréhensions et pour s’enrichir de nouvelles pratiques en réconciliant ces différences. Ce dossier présente dans un premier temps les sources et les influences qui façonnent la culture néerlandaise, puis détaille les valeurs fondamentales et les normes comportementales. Ce dossier analyse ensuite les domaines dans lesquels les différences culturelles (avec la culturel franaçaise) sont les plus sensibles. Enfin une bibliographie et des liens utiles permettent d’approfondir ce sujet très vaste. Un quizz est proposé pour tester ses connaissances et ses compétences.
Sommaire
1. Ce qui façonne la culture néerlandaise
2. Les principales valeurs de la société néerlandaise
3. Les principales différences culturelles entre Néerlandais et Français
4. Les compétences interculturelles à développer
5. Pour en savoir plus …
1. Ce qui façonne la culture néerlandaise
Les Pays-Bas, comme la plupart des pays, sont en mutation permanente. Structuré par la pilarisation (verzuiling) il y a une cinquantaine d’années, le pays se transforme sous l’influence de nouveaux facteurs internes et externes ; la mondialisation et l’ouverture à l’Europe, l’immigration, les crises économiques, les aspirations des nouvelles générations et de la modernité, etc.. Mais pour l’essentiel son identité culturelle dépend encore de quelques grands traits caractéristiques hérités du passé : la géographie d’un pays plat menacé de toutes part par l’eau (mer, rivière, pluie), l’histoire d’un petit pays entouré de grandes puissances, les valeurs morales du protestantisme calviniste.
La géographie : un pays plat menacé par l’eau
La géographie a imposé un système fondamental d’entente nationale pour lutter contre l’eau. Une grande partie des sols étant situés sous le niveau de la mer, le danger permanent d’inondation a forgé depuis toujours une nécessité d’unir ses forces pour réussir. L’intérêt général et la sûreté du pays ont donc placé en tête des préoccupations l’union nationale.
L’histoire ; un petit pays entouré de grandes puissances
De par la position et la taille de leur territoire, les Néerlandais sont habitués à composer intelligemment et diplomatiquement avec les grandes puissances dominantes voisines (Grande-Bretagne, Allemagne, France, Espagne) pour ménager leurs intérêts.
Les valeurs morales du protestantisme calviniste
Dans une perspective historique, pour les protestants, plus que pour les catholiques, l’homme est directement responsable de ses actes seul devant dieu (il n’y a pas de prêtre comme intermédiaire et il n’y a pas de confession possible durant la vie ni de purgatoire après la mort). Parce que l’individu peut être source de mal, il faut lui imposer une discipline et des règles pour le protéger de lui-même et pour protéger les autres. Si la morale protestante impose des exigence éthiques à chacun, elle est aussi la première source d’émancipation en Europe : il faut donne au peuple un accès direct aux textes de la Bible, lui ouvrant ainsi les portes du savoir (et de l’éducation) moderne et celles des libertés individuelles (modération du dogme, droit de discuter, de réfléchir, de s’insurger).
2. Les principales valeurs et normes de la société néerlandaise
Si la plupart des valeurs fondamentales de la culture néerlandaise se retrouvent dans la culture française, leur degré d’importance (priorité) et leur traduction en normes comportementales, peuvent expliquer les nombreuses différences culturelles. La liberté, par exemple, n’est pas la première des valeurs et son usage individuel reste soumis à l’intérêt du groupe. Si les Néerlandais sont avant tout attachés à leur collectif, ils aspirent à un monde façonné par des valeurs telles que la paix et l’entente sociale, l’équité, la responsabilité, la confiance et la liberté. Sur le plan des comportements induits par ses valeurs, les Néerlandais sont en générale actifs et réactifs (entreprenants et participants), pragmatiques (efficaces et consensuels à la recherche de solutions), équilibrés et respectueux des règles (normalité morale et engagements).
■ Quelques valeurs fondamentales
L’union ou l’attachement au groupe
L’union fait la force. Les Pays-Bas sont avant tout (historiquement) des « Provinces unies » et un des pays fondateurs de « l’Union Européenne ». Les Néerlandais sont puissamment attachés au groupe (le groupe national ou l’intérêt général, la famille, l’équipe). Ce lien forgé dès le plus jeune âge dans la famille (participation active de l’enfant) et à l’école (discussion en cercle quotidienne) est une force « inclusive » et « normative » de la société néerlandaise et de son « vivre ensemble » (classe moyenne, équité et respect des règles). Cet attachement peut être perçu comme une adhésion (valeur positive) ou une soumission (contrainte) au groupe. Cette obligation d’appartenir au groupe (conformisme) est un formatage social qui contribue efficacement à restreindre les excès des passions ou des comportements individuels (rabotage des égos).
Chacun doit tenir compte des autres et s’entraider autant que possible à son niveau. Si cela s’avère nécessaire, la collectivité doit pouvoir garantir à chacun des aides pour vivre décemment.
La paix (vrede)
Les Néerlandais ne supportent ni l’autorité ni le conflit. L’entente sociale est une des conditions de leur bien-être.
L’égalité (gelijkwaardigheid)
Chacun a droit à un traitement égal en droit et à des chances équitables, quels que soit le sexe, l’âge, l’origine ethnique, la religion, la situation sociale, le handicap, etc.. Les droits des minorités sont développés et toute discrimination est réprimée.
Au niveau des individus, cette égalité impose une hiérarchie horizontale de fonctions.
Au niveau des organisations, chacun sait qu’il ne doit pas trop dominer les autres (villes, provinces, entreprises, associations, partis, religions, opinions, groupes, médias, etc.).
L’équité (rechtvaardigheid)
Cette valeur est fondamentale en matière de justice ou dans la recherche de solutions durables ou dans la résolution des conflits. L’équité vise à préserver un équilibre dans les intérêts des paries et à éviter des positions trop dominantes ou déséquilibrées.
La responsabilité (verantwoordelijkheid)
Par l’éthique morale protestante, chacun doit être conscient de l’impact de ses actes et en assumer la responsabilité. L’enfant est très vite confronté à ses propres actes dans un but positif d’auto-apprentissage.
L’intégrité (integriteit)
Il faut être honnête, franc et clair, en toutes circonstances. Chacun a des devoirs envers lui-même et les autres.
La liberté (vrijheid)
Vivre et laisser vivre. Chacun peut faire ce qu’il veut tant qu’il ne dérange pas le groupe ou une autre personne. Les libertés individuelles sont dévéloppées : liberté pour soi et pour les autres de croire ou de ne pas croire (religion), de dire ses opinions (expression), et d’agir (association, politique, économie). Les Néerlandais sont attachés à leur tradition de tolérance (empathie sincère ou indifférence bienveillante) et d’accueil humaniste (migrants religieux tels que les protestants ou les juifs du sud de l’Europe ou intellectuels comme Descartes).
Si la liberté individuelle est conditionnée à l’intérêt supérieur du groupe, l’amplitude de cette liberté est contrastée suivant les circonstances. Le respect des règles et le contrôle social peuvent être perçu comme une atteinte à la liberté individuelle. Par contre, les membres des minorités (ethniques, orientations sexuelles, religieuses, handicap), dont les droits sont mieux reconnus, auront le sentiment d’être plus libres,
La confiance (vertrouw)
La confiance que l’on a en soi-même, et qui fait partie des objectifs éducatifs, permet d’avoir confiance « à priori » dans les autres (lors d’un premier contact par exemple) et dans le système d’organisation (administrations, institutions ou organisations). Elle donne également une ouverture d’esprit vers ce qui est différent et elle permet d’être direct dans la manière de communiquer.
■ Quelques normes comportementales
Ces normes culturelles sont des règles de conduite sociale, des manières d’agir conformes aux attentes. Elles sont induites par l’expression des valeurs fondamentales et des idéaux dominants de la société néerlandaise.
Participation, coopération et consensus
La participation sociale (participatie)
La société néerlandaise est participative et inclusive. Chacun est invité à prendre toute sa place au sein de la société, en exprimant son point de vue et en prenant part aux nécessaires actions communes (votes, enquêtes, aides locales ou familiales, engagements bénévoles, etc.).
Faire de son mieux, plutôt qu’être le meilleur : on demande au Néerlandais de faire de son mieux alors qu’on demande au Français d’être le meilleur. Cette différence essentielle amène beaucoup moins de frustrations, notamment durant la scolarité. Et c’est aussi ce qui facilite la participation de chacun.
La coopération ou le consensus (poldermodel)
Ce modèle trouve une illustration dans les accords politiques dans les années 1980 et 1990 aux Pays-Bas, entre les patrons, les syndicats et les pouvoirs publics et qui sont à l’origine du « miracle économique ». Il représente une capacité à coopérer pour obtenir des résultats où chacun y voit son intérêt (accords gagnants – gagnants).
Réalisme, pragmatisme et efficacité (oplossing gericht)
Le réalisme
Les Néerlandais essaient de « voir le choses en face », et de ne pas trop se « voiler la face ». Lorqu’un problème est identifié, il est traité assez rapidement, ce qui a 2 effets : chercher et trouver une solution, éviter que le problème empire et rende la solution plus difficile (prévenir plutôt que guérir).
Le pragmatisme
Mélange de réalisme et de volonté, ce pragmatisme est une des clés du modèle néerlandais. On prête souvent au célèbre footballeur Johan Cruijf l’adage « chaque inconvénient à son avantage » (elk nadeel heeft zijn voordeel) qui illustre la capacité des Néerlandais à croire en leur capacité à rester positifs, optimistes et volontaires, en toutes circonstances. C’est une des facettes de leur pragmatisme qui les caractérise et qui leur fait préférer l’action (faire) à la parole (penser), la solution au problème.
L’efficacité
Les Néerlandais attachent une importance à l’efficacité de leurs actions : pourquoi sont-elles nécessaires, combien coutent-elles, quand et comment les réaliser, sont des questions quotidiennes. Chaque action se doit d’être efficace, c’est-à-dire d’avoir un résultat conforme à ce qui est attendu en faisant appel au minimum de ressources (effort, personnel, temps et argent). Cette exigence d’efficacité est parfois poussée à l’excès et doit en retour être compensée (les restructurations dans les administrations ou dans le domaine de la santé, et plus largement la recherche de l’optimisation financière et budgétaire créent de grandes tensions et posent de nombreux problèmes).
Conformisme, contrôle social et inclusion
Le conformisme
Chacun doit se conformer aux règles communes.
Le contrôle social
Le groupe a un droit de regard sur chacun (positif quand la personne est en danger, contraignant lorsque c’est un rappel à l’ordre). Dans l’espace public, ou dans son quartier (voisins), il n’est pas rare de se faire rappeler les règles de vie commune (ce qui doit être fait ou pas fait).
L’inclusion
L’attachement au groupe est une puissante force inclusive. L’exclusion est combattue avec détermination, car elle source de problèmes potentiellement plus graves. Les comportements déviants sont traités le plus tôt possible et des réponses sont apportées, autant que possible.
La normalité, la modestie et la maitrise de ses émotions
Le comportement normal
Le grand adage néerlandais « Fais comme tout le monde, c’est déjà assez fou » (Doe maar normaal, dan doe je al gek genoeg) exprime l’exigence de se comporter normalement en toutes circonstances. Cette normalité renvoie aux valeurs fondamentales et à un comportement communément admis (respect, politesse, intérêt du groupe).
La modestie
Les Néerlandais apprennent très tôt que malgré leur confiance en eux, et parfois même leur sentiment de supériorité, ils doivent toujours rester modestes dans leurs paroles et dans leur actes.
L’expression « couper la tête qui dépasse du champ de maïs » (de kop boven het maaiveld steken) exprime l’idée que tout ce qui dépasse la moyenne a des chances d’être rabaissé ou coupé (par exemple se vanter personnellement ou laisser voir des qualités personnelles ou des talents qui contrastent avec la moyenne).
La maitrise de ses émotions
L’expression excessive des émotions est un aveu de faiblesse et sont donc en général maitrisées. L’expression de la colère est perçue négativement comme un manque de contrôle de soi (mais probablement aussi parce que le groupe se sent démuni et ne peut plus apporter de solution).
Le respect des autres et l’empathie
Le respect des autres
Les Néerlandais sont très respectueux des autres (attachement au groupe et équité). Ils respectent leurs engagements (verbaux et écrits) et sont très ponctuels dans leur rendez-vous (pointilleux sur les horaires).
L’empathie
L’attachement au groupe, la confiance, l’équité et la responsabilité, forgent de réelles capacités d’empathies chez les jeunes néerlandais dès leur plus jeune âge.
L’autonomie et l’indépendance
Chacun doit pouvoir vivre de manière autonome et indépendante, subvenir à ses propres besoins. Il doit se développer par lui-même et devenir maitre de son destin autant que possible. Il doit pouvoir s’investir et s’organiser librement sans obligation. Les Néerlandais apprennent très tôt le sens de leurs propre responsabilités ; ils ne se placent pas en victime et n’attendent pas – à priori – l’assistance des pouvoirs publics.
3. Principales différences culturelles (NL/FR)
Les différences culturelles entre Français et Néerlandais sont nombreuses et passionnantes. Il est utile de savoir les reconnaître pour prévenir de possibles incompréhensions et pour s’enrichir de nouvelles pratiques en réconciliant ces différences. Les domaines les plus sensibles sont :
– les liens entre l’individu et le groupe
– le style de communication
– le rapport au temps
– la règle univeselle ou le cas particulier
– le degré d’engagement dans les relations sociales
– la hiérarchie et le statut social
– le rapport à l’argent
3.1. Les liens entre l’individu et le groupe
Dans cette dimension interculturelle qui analyse le degré d’indépendance et de liberté d’un individu dans le groupe, les Français et les Néerlandais sont considérés comme de grands individualistes : l’intérêt personnel et la vie privée étant prioritaires : l’individualisme peut se définir comme « une orientation fondamentale vers soi-même » et le collectivisme comme « une orientation fondamentale vers des buts et des objectifs communs ».
Néanmoins, la culture néerlandaise nous offre un contraste assez étonnant d’une culture fortement individualiste encadrée par des normes comportementales d’autant plus puissantes qu’elles sont inconscientes (conformisme social). Cette apparente contradiction peut s’expliquer par le consensus néerlandais qui illustre avant tout une volonté réelle de s’accorder. L’organisation commune est un outil au service des intérêts de chacun et de ses libertés fondamentales.
Un attachement au groupe (conformisme social)
Depuis leur plus jeune âge, les Néerlandais sont « formatés » avec un attachement au groupe (appartenance ou soumission plus ou moins inconsciente) comme un nécessaire « garde-fou » préalable aux excès d’un individualisme favorisé et décomplexé. Ce formatage produit un conformisme puissant qui s’expriment aux travers de pratiques sociales telles que le consensus et l’adhésion aux projets de changement, l’évaluation et le contrôle permanent (individuel et collectif). Les Néerlandais jouissent de grandes libertés individuelles et ils y sont profondément attachés, mais ils savent qu’elles ne peuvent exister qu’à la condition qu’un socle de normes comportementales soit respecté. Ci-dessous, quelques expressions populaires très importantes qui illustrent ce formatage social :
• « Fait comme tout le monde, c’est déjà assez fou » (Doe maar gewoon, dan doe je al gek genoeg) : l’individu doit se soumettre à l’exigence morale du groupe et éviter de se distinguer trop fortement. Les comportements individuels de vanité sont ainsi « tués dans l’œuf ». C’est une sorte d’inclusion forcée qui rappelle à chacun qu’il appartient d’abord au groupe et que son comportement doit s’y conformer.
• « La tête qui dépasse sera coupée » (Als je je hoofd boven het maaiveld uitsteekt, wordt het afgehakt) : les Néerlandais ne veulent pas qu’un groupe ou qu’un individu prennent une place trop déterminante (ici, pas de culte de la personnalité, pas d’hégémonie)
• « Faire ensemble, être ensemble » (Samen doen, samen zijn) ; ce n’est pas une expression mais c’est une phrase qui est souvent à la base de nombreuses initiatives pour rappeler le plaisir d’appartenir au groupe ou le devoir de trouver des solutions ensemble. On dit également souvent « samen uit, samen thuis » (sortir ensemble, à la maison ensemble) qui dans le cas d’une fête peut être appliqué au pied de la lettre et véhicule la même idée d’attachement au groupe.
De grandes libertés individuelles (individualisme fort)
L’individualisme est favorisé et sans complexe. Chacun bénéficie de grandes libertés fondamentales (liberté d’expression, d’opinion, de religion, etc.) et les droits des minorités (genre, ethnique, religieuse, orientation sexuelle, handicap) sont importants.
Tolérance ou indifférence sur les questions de société ?
Les Néerlandais sont progressistes (ils croient en leur capacité d’adaptation aux changements et à la nécessité d’améliorer les situations) et ont une approche pragmatique (et non dogmatique) sur les questions de société. Ils apportent donc des solutions originales et souvent innovantes, qui peuvent être qualifiées de progrès ou d’avancées. Ces avancées, pour le meilleur (ouverture de nouveaux droits) ou pour le moins pire (atténuer des méfaits ou des comportements déviants), sont le fruit d’un débat et d’une attitude raisonnée tout autant que pragmatique. Ainsi, sur les questions de société (drogues douces et dures, droits des minorités, fin de vie, prostitution, etc.), ils adoptent des mesures ou des règles qui ont pour objet d’encadrer ou de contrôler plutôt que d’ignorer. C’est à chacun de juger si c’est de la tolérance ou de l’indifférence.
Exemple : sur la question des drogues douces et notamment du cannabis, les autorités en interdisent officiellement leur production mais tolèrent leur commerce – contrôlé – via les coffee shop. Est-ce hypocrite, est-ce un bien ou un moindre mal ? C’est leur réponse, avec un souci d’efficacité, pour apporter plus de contrôle sur ces activités (également sur la qualité des produits en circulation) et pour réduire la criminalité (liée au trafic illicite) qui gangrènerait – comme on le voit dans d’autres pays – une partie de sa jeunesse. La législation néerlandaise évolue pour accentuer le contrôle de la production du cannabis afin de mieux protéger la santé des consommateurs et de préserver l’ordre public.
3.2. Le style de communication
Le style de communication est le domaine principal d’incompréhension entre Français et Néerlandais, car nos « politesses respectives » s’opposent parfois dans cette dimension. Les Néerlandais adoptent communément une communication directe, rapide, claire, alors que les Français pourrons préférer une communication plus indirecte, un peu plus formelle et nuancée.
Influence relative du contexte sur le style de communication
Selon chaque culture, les émotions peuvent être exprimées différemment. Dans certains pays, il est naturel d’exposer ses états d’âme tandis que pour d’autres cela est mal perçu.
Les Néerlandais ont des relations sociales plutôt objectives, factuelles et spécifiques (indépendantes du contexte), là où les Français peuvent introduire plus de subjectivité, d’émotion ou de sentiment (lié au contexte).
Une communication directe, claire et rapide
C’est un des points les plus sensibles entre Français et Néerlandais. Les manières de communiquer peuvent occasionner des incompréhensions dans toutes sortes de situations, tant privées que professionnelles.
A l’école néerlandaise, une grande attention est portée sur la capacité à résumer (samenvatten) et c’est une compétence évaluée ; ainsi l’expression « kort en krachtig » est une règle inculquée assez rapidement chez les élèves, à l’inverse de la France où il faut parfois produire un nombre minimum de pages pour un devoir.
Les « politesses » néerlandaises et françaises peuvent parfois s’opposer :
– Pour les Néerlandais, il est important de communiquer de manière directe, claire et rapide, sans trop se soucier du contexte et en utilisant le premier degré de manière factuelle
– Pour les Français, il est important d’introduire son message en prenant plus de temps et d’adapter le contenu et la forme au contexte voire aux émotions
Une opposition entre expression directe (NL) et indirecte (FR)
Ces images illustrent de manière un peu caricaturale, la différence en terme de communication entre Néerlandais en bleu (direct, rapide, factuel et au 1er degré) et Français en rouge (indirect, formel, contextuel et suggéré).
Exemples
1. A la question « voulez-vous un café ? », il faut répondre franchement par « oui » ou par « non » et ne pas répondre « non » par politesse latine en espérant que la question reviendra vite (le risque est que le café sera fait et servi, mais pas pour vous)
2. Votre nouveau voisin vous demande si vous pouvez garder son fils samedi matin. Vous aviez déjà prévu de faire des courses et cela ne vous arrange pas mais vous décidez de lui faire plaisir et vous acceptez (parce que pour vous c’est important pour l’avenir d’avoir de bonnes relations). Attention : il faut savoir dire non si cela ne vous arrange pas et poser d’autres questions pour juger plus précisément de sa demande (il ira peut-être jouer au golf ce samedi matin).
Une approche différente entre raisonnement inductif (NL) et déductif (FR)
Ces différences d’approche dans le raisonnement peuvent être utilement prises en compte dans les présentations professionnelles.
Pour les Néerlandais, le message important est exprimé rapidement et en premier : puis viennent les aspects induits par l’information principale.
Pour les Français, le message important doit être préparé avant d’être exprimé, sous la forme d’un raisonnement qui se déduit logiquement (thèse, antithèse, synthèse).
Une confiance à priori (NL) et une confiance à postériori (FR)
Les Néerlandais ont tendance à avoir confiance d’emblée dans les personnes qu’ils rencontrent pour la première fois (jusqu’au moment où des faits peuvent altérer cette confiance), là où pour les Français la confiance se construit par un relationnel (à postériori).
Cet aspect a également des conséquences en terme dans le style de communication.
Des questions ou des discussions parfois assertives ou intrusives
Les Néerlandais peuvent parfois poser des questions personnelles qui peuvent gêner. Il ne faut pas le prendre personnellement et se sentir libre de répondre ce que l’on souhaite.
Exemple : au travail, pour un entretien d’embauche on peut demander d’emblée à la personne qui postule si elle est mariée, si elle a des enfants, et pour chaque réponse négative demander pour quelles raisons (ce qui pour certains Français est un peu personnel et intrusif pour une première discussion).
Il ne faut pas hésiter en retour à poser des questions ou à demander quelque chose ou un service quand on le souhaite ; un proverbe dit en substance : « qui ne demande pas, n’obtient pas » (Nee heb je al, ja kun je krijgen – littéralement un « Non » tu as déjà si tu ne demandes pas et un « Oui » tu peux peut-être obtenir si tu le demandes).
Quelques conseils
• S’efforcer de communiquer de manière directe en allant rapidement à l’essentiel ou au sujet principal (sans allusion à un second degré qui sera probablement incompris).
• Ne pas hésiter à dire ce qu’on pense ou ce que l’on souhaite (ne pas oublier de répondre négativement à une invitation ou à une question, même si cela est difficile). Il est important d’apprendre à dire « non »
• Bien écouter ses interlocuteurs, rester concentré sur le contenu de la discussion et ne pas prendre personnellement des critiques (quand on est pas habitué on peut se sentir agressé par la brutalité des messages). Il est donc important de ne pas prendre les choses personnellement en se libérant de tout contexte et en se limitant au contenu du message au 1er degré. Ce que les Français peuvent percevoir comme des critiques personnelles sont souvent une marque d’estime des Néerlandais qui, en apportant une remarque qui vise toujours les actes, et non les personnes, considèrent leur interlocuteur et justement l’aide
• Laisser parler votre interlocuteur sans l’interrompre : en néerlandais, le verbe se retrouvant souvent en fin de phrase, cela oblige ou habitue l’auditeur à la patience.
• Ne pas hésiter à poser des questions (il vaut mieux poser plus de questions que pas assez) et à demander des évaluations sur comment les autres perçoivent votre action et votre comportement. Tandis que les Français considèrent souvent les questions comme intrusives, ne pas poser de question est perçu par les Néerlandais comme un manque d’intérêt pour son interlocuteur, voir un manque de politesse.
• Eviter d’exprimer une colère ou trop d’émotions : la colère est perçue comme un aveu de faiblesse et un constat d’impuissance imposée à une situation
• Respecter les engagements pris (par oral, par écrit, les rendez-vous, etc.) et si cela n’est pas possible, prévenir et éventuellement s’en excuser
• Eviter de revenir sur une discussion déjà eue : une fois une décision prise, il faut éviter de revenir dessus.
3.3. Le rapport au temps
La perception du temps qui passe n’est pas la même suivant les cultures ; chacune a son interprétation de ce qu’est le passé, le présent et le futur, de leur poids respectif et de leur séparation ou au contraire de leur imbrication.
Une gestion maitrisée du temps (séquentielle et planifiée)
Les Néerlandais ont un besoin de planification important et se concentrent sur la tâche en cours et ne sentent pas à l’aise lorsqu’un évènement imprévu se produit, là où les Français privilégient le relationnel et la souplesse dans l’organisation, voire la capacité d’improvisation et d’adaptation.
Ils ont une conception séquentielle ou linéaire du temps (mono chronique) : le temps est une succession de moments indépendants. Ces moments peuvent ainsi être quantifiés, planifiés et donc maitrisés. Le temps est précieux et il doit être utilisé efficacement à titre professionnel ou privé.
Exemple : un rendez-vous professionnel dure en général une heure.
Exemple : estimer le temps d’un rendez-vous chez un médecin
Une consultation médicale classique dure environ 10 ou 15 minutes. Si vous prévoyez de soumettre plusieurs sujets de préoccupation, demandez un double rendez-vous de manière à avoir le temps d’en parler (dans le cas contraire, le médecin risque de vous demander de prendre un nouveau rendez-vous).
Une concentration sur la tâche en cours
Chacun se concentre sur ce qu’il fait et n’aime pas avoir à faire plusieurs choses en même temps.
Exemple : la difficulté de comprendre le service client néerlandais
A la mairie, lorsqu’on s’adresse à un agent administratif qui est déjà occupé (par exemple au téléphone), il attend de finir sa tâche en cours avant d’être ensuite pleinement disponible (il ne va pas faire du multitâches). Il ne faut donc pas le prendre mal, il vous a probablement vu et s’occupera de vous lorsqu’il sera libre.
Une orientation sur le présent et vers le futur, plus que dans le passé
Pour les Néerlandais, le présent, et encore plus le futur, sont plus importants que le passé. Ils connaissent mal leur histoire et sont avant tout dans le présent et pensent à planifier leur avenir.
Ils ne sont pas à l’aise dans les situations imprévues ; ceci étant, pour les nouvelles générations, il est important d’être flexible professionnellement et donc de pouvoir s’adapter aux situations qui se présentent.
Quelques conseils
• Respecter les horaires et être systématiquement à l’heure. Au-delà d’un retard prévisible de plus de 5 minutes, prévenir au plus tôt son interlocuteur. Si on prend les transports publics, planifier son trajet (transport en commun avec www.9292ov.nl) et prévoir une marge de 15 à 30 minutes d’avance.
• Planifier ses activités suffisamment à l’avance (rendez-vous, invitations) : en informant les participants suffisamment tôt, vous montrez l’importance que vous attachez à leur présence et vous augmentez les chances d’une plus grande participation. Compter deux ou trois semaines pour un rendez-vous simple, un ou deux mois pour un rendez-vous important. Dans les associations, la fixation de la date de la prochaine réunion est souvent un point de l’ordre du jour (pour les associations de copropriétaires, c’est un an à l’avance).
• Ne pas donner l’impression de se disperser dans plusieurs actions en parallèle et se concentrer sur l’action en cours lors d’une réunion ou une discussion.
• Au travail, planifier son activité et se concentrer sur ce qu’il y a à faire de manière à ne pas partir plus tard que prévu. Celui qui n’arrive pas à finir son travail à temps n’est peut-être pas qualifié pour le poste (attention à ne pas trop montrer que l’on travaille en dehors des horaires). Déjeuner en 30mn maximum (sandwichs) parfois même sur son poste de travail
• En réunion, on utilise généralement un ordre du jour, un compte-rendu et une liste d’actions envoyés aux participants pour un suivi efficace d’avancement des tâches dans le temps.
Pour en savoir plus…
Le rapport au temps : cultures monochroniques et polychroniques
3.4. La règle universelle ou le cas particulier
Les Néerlandais se reconnaîtrons probablement dans une culture dite « universaliste », où l’application généralisée de normes et de règles ont fait leur preuve.
Les Français également mais seront aussi sensibles à une culture dite « particulariste » qui accorde plus d’attention aux obligations relationnelles et aux situations particulières.
Une confiance dans les institutions et un respect des règles communes
Les Néerlandais ont plutôt confiance dans leur système d’organisation collective (politique et administrative). Ils veulent des règles objectives à portée générale où les rapports sont régis par des liens abstraits, juridiques, des contrats. Ils veulent que ces règles s’appliquent à tous pour éviter les contournements possibles dus à des relations personnelles ou à de la corruption. Ils mettent donc plus facilement en œuvre des procédures et des contrats pour fixer les règles du jeu. Trop de règles peut aboutir à un formalisme pesant.
La culture française est plus particulariste, le cas particulier et la subjectivité y ont plus de place, tout comme le recours utile au système « D ».
Exemples de dilemmes interculturels
Quel témoignage donner devant le juge ?
« Vous êtes dans une voiture conduite par la personne qui vous est très chère. Elle heurte un piéton et vous savez qu’elle roulait trop vite. Vous êtes le seul témoin. Pensez-vous qu’elle peut vous demander de témoigner qu’elle roulait en dessous de la vitesse autorisée ? »
A cette question, 90% des Néerlandais interrogés répondent « Non » (73 % des Français)
Quelle attitude par rapport à une information confidentielle ?
Deux personnes ayant des cultures opposées sur ce point auront des griefs à se faire mutuellement : détenant une information confidentielle, l’« universaliste » se sentira obligé de garder le secret là où le « particulariste » le partagera avec ses proches. Il y a une différence entre le secret professionnel qui n’est pas divulgué et les secrets personnels qui sont – comme en France – sujet aux ragots
Quelques conseils
• Respecter les règles : quelles que soient les situations et les circonstances, le respect de la règle est important. D’abord parce que la grande majorité des personnes les respectent et veulent qu’on les respecte ; ensuite parce que le contrôle et l’éventuelle sanction sont souvent plus rapide qu’on ne le pense. Les amendes ou contraventions (stationnement, excès de vitesse, absence de titre de transport dans les trains) sont chères et donc dissuasives.
• Un exemple frappant d’amande rapide est le manque de lumières à vélo, (35EUR/lumière) qui est la contravention la plus abondante et typiquement néerlandaise.
3.5. Le degré d’engagement dans les relations sociales
Les Néerlandais ont plutôt une culture dite « spécifique » en matière d’engagement social : l’individu a tendance à s’impliquer de manière sélective ou indépendante dans chaque domaine de son existence sociale. Les Français peuvent se sentir plus à l’aise dans une culture dite « diffuse » où l’individu s’investit plus pleinement et plus largement dans la relation, quelles que soient les circonstances.
Des relations sociales compartimentées
Les Néerlandais ont tendance à compartimenter leurs relations sociales en choisissant volontairement de s’impliquer plus ou moins dans des sphères spécifiques et indépendantes. Les liens peuvent être rapides à établir mais vont se limiter à un domaine : famille, amis, hobby, sport, travail.
Les Français vont s’investir un peu plus globalement – et moins spécifiquement – dans leurs relations quelles que soient les circonstances. Dans ce cas, la relation peut mettre plus de temps à s’établir mais peut déboucher sur de nombreux sujets d’intérêts transversaux.
Des amitiés moins nombreuses, sélectives et indépendantes
Les Néerlandais entretiennent des relations amicales en étoile, indépendantes les unes des autres, privilégiant des rencontres suivies à deux et espacées de plusieurs semaines ou mois avec une attention à ce qui est dit (chacun se souvenant de ce qui a été dit).
L’anniversaire est l’occasion annuelle de réunir la plupart de ses amis et de les faire se rencontrer entre eux. Exemple du 21 diner (diner organisé pour ses 21 ans) où se rejoignent les amis du lycée et ceux de l’université.
Séparation forte entre travail et vie privée
Il y a un temps pour tout. Au travail, on travaille et si le travail est fini, rien ne s’oppose à rentrer à la maison. D’une manière générale, on ne travaille pas plus que les horaires classiques entre 8.30–17.00.
Dans le temps libre, on n’est plus au travail, et il faut donc respecter la vie privée (il est conseillé de ne pas appeler ses collègues au téléphone ni de leur envoyer des emails en dehors des heures de travail). Certains managers rentrent assez tôt chez eux mais consacrent parfois du temps le soir à travailler. Ils prépareront ainsi leurs emails mais ne les enverront probablement que le lendemain matin à la première heure (pour ne pas montrer qu’ils travaillent en dehors des heures de travail).
Le travail à temps partiel est généralisé et permet, autant aux femmes qu’aux hommes, de ne travailler que ce qui est nécessaire aux besoins personnels ou financiers (temps partiel choisi) et illustre le choix de privilégier une qualité de vie sur une carrière professionnelle.
Quelques conseils
• S’inscrire dans des activités hors travail pour développer des relations spécifiques (sport, danse, yoga, culture)
• Ne pas se sentir obligé d’entretenir une relation amicale si elle n’est pas pleine de sens
• C’est à chacun de fixer le curseur entre vie privée et vie professionnelle
• Respecter les horaires de travail des autres et ne pas oublier la valeur du temps hors travail après 17h
• Participez aux VriMiBorrel (vrijdag middag borrel) qui sont des « verres du vendredi après-midi » où les employées se rejoignent après le travail souvent sur le lieu de travail ou très proche.
3.6. La hiérarchie et le statut social
Une hiérarchie horizontale de fonctions et un statut social au mérite
Les Néerlandais sont allergiques à l’autorité. Pour eux le pouvoir se construit par consensus ou intérêt collectif et doit avoir des contre-pouvoirs. Ils veulent éviter l’influence dominante d’un groupe et savent composer avec une diversité d’opinions assez large.
Le statut social s’acquiert dans un domaine particulier par son mérite et par les actions que l’on mène dans ce domaine. L’expérience réussie et la capacité à démontrer son talent ou ses capacités l’emporte sur des titres ou des diplômes.
Il y a donc moins d’organisation pyramidale et plus de structures en râteau et les rapports sont plus facilement informels (le tutoiement est très vite la norme).
Un grand manager ou un homme politique peut aller à son travail en vélo ou faire ses courses dans un supermarché comme tout le monde, tout comme s’occuper pleinement de ses enfants.
Le manager n’est pas un chef mais un facilitateur (primus inter pares)
Il est le premier d’entre les pairs (Primus inter pares). La valeur d’un responsable d’équipe est reconnue pour sa capacité à animer le groupe et à permettre à chacun de donner le meilleur de lui-même par rapport au but poursuivi.
L’expérience réussie est plus importante que le diplôme ou le titre
« Ce que vous faites est important, pas qui vous êtes » Bill Gate.
La prise de décision est souvent collégiale et nécessite une adhésion
La prise de décision est plus de type « bottom-up » (venant de la base) que « top-down » (imposée par le haut de la hiérarchie). Il y a dans le management, le souci constant de chercher des solutions gagnante-gagnante.
Le changement – et la prise de décision liée – s’obtient par une adhésion minimale mais majoritaire du groupe (draagvlak).
En réunion, chacun doit exprimer son point de vue
Il est important que chacun s’exprime et donne son point de vue au moment où la discussion le permet ; après il sera trop tard. Ne pas exprimer son opinion, si elle différente de celles déjà exprimées, est une faute qui vous sera reprochée (« pourquoi ne l’avez-vous pas dit au moment de la discussion ? »).
Quelques conseils
• Pour s’adresser à la bonne personne dans une entreprise, il faut se renseigner sur sa fonction et ses responsabilités (il n’est pas conseillé de s’adresser au plus haut supérieur hiérarchique)
• Dans les recherches d’emploi, il faut mettre l’accent sur les aspects fonctionnels, la motivation et l’expérience par rapport au poste à pourvoir plutôt que sur des diplômes. La référence à des exemples concrets de réussites passées, est recommandée.
3.7. Le rapport à l’argent
Pour les Néerlandais, l’argent est une vraie valeur et un sujet de discussion régulier au quotidien. Si on n’hésite pas à constamment se préoccuper du coût des choses et des projets, on ne va pourtant pas parler de son salaire. Et si avoir de l’argent n’est pas mal vu on ne va pas le montrer (la modestie étant une valeur clé imposée par le calvinisme).
Un rapport « économe » à l’argent
L’argent (geld) est une des ressources nécessaires à l’autonomie de chacun.
S’il est plutôt tabou de demander à l’autre quel est son salaire, l’argent est pourtant un sujet principal de discussion et de préoccupation. On peut le voir dans les publicités (les rabais ou promotions sont source de vente), mais aussi dans l’attention particulière accordée à la justification de chaque dépense au niveau individuel et collectif (dépenser moins est aussi efficace que de gagner plus).
« Going dutch » – chacun paye sa part
Quand on va au restaurant avec des collègues ou avec des amis, on peut s’attendre à ce que chacun paye précisément et individuellement ce qu’il a consommé. Mais si de plus en plus souvent on partage l’addition comme en France.
S’enrichir n’est pas immoral, mais il ne faut pas trop le montrer
La réussite financière est respectée (l’héritage protestant encourage l’enrichissement par le travail). L’éthique protestante impose néanmoins à chacun une certaine retenue (il n’y a pas beaucoup de voitures de luxe ostentatoire dans les rues).
Les sommes dues sont à payer rapidement
Attention au délai de paiement à respecter, et aux possibles majorations ou pénalités. Le paiement est de la responsabilité du débiteur. Le chèque n’existe pas et c’est à celui qui doit une somme de la payer correctement et à temps. Le virement bancaire est le moyen de paiement généralisé et gratuit (les coordonnées bancaires sont des données publiques).
Le défraiement est une pratique courante
Si on vous demande un service (par exemple faire une conférence), il vous sera probablement proposé de vous rembourser vos frais de déplacement. De même, pour la participation à une enquête qui peut vous demander du temps, on peut vous défrayer.
Des négociations commerciales décomplexées
Avec une tradition commerçante, on peut s’attendre à des négociations sur tous les aspects contractuels.
Quelques conseils
• Payer ses factures dès réception, et en général au plus tard dans les quinze jours. Le déclenchement d’une procédure de paiement par un bureau de recouvrement « incassobureau » peut être rapide.
• Ne pas faire de cadeau trop cher au risque de gêner : pour un anniversaire d’un ami, entre 10 et 20 EUR maximum ; il y a de plus en plus de cadeaux communs pour éviter de recevoir une dizaine de cadeaux a 15 EUR qu’on utilisera pas
4. Les compétences interculturelles
Notre propre culture est un cadre de référence constitué de valeurs et de normes comportementales dans lequel nous évoluons sans trop nous en soucier. Les compétences interculturelles nous aident à reconnaitre, à comprendre et à intégrer des pratiques différentes qui se situent en dehors de notre zone de confort de notre propre culture. Il est donc essentiel d’en prendre conscience et de les développer pour être le mieux préparé aux multiples dilemmes interculturels qui se présentent lorsqu’on découvre une nouvelle culture. Entre Français et Néerlandais, le fossé culturel est bien plus grand qu’on ne le pense : à priori nous sommes voisins et nous nous ressemblons, et pourtant nous sommes très différents.
Qu’est-ce qu’une culture ?
Une culture est un cadre de référence composé d’un ensemble de valeurs fondamentales et de normes comportementales qui en découlent. Elle est un peu au groupe ce que le caractère ou la personnalité est à l’individu. Elle est la résultante de toutes les influences reçues (histoire, religion, politique, éducation, morale, environnements) et est donc autant relative qu’en continuelle évolution. Notre façon de voir les choses et notre propre jugement dépendent de notre contexte culturel ce qu’exprime parfaitement Anais NIN dans une de ses citations : « Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, mais telles que nous sommes » (We don’t see things as they are, we see things as we are).
La représentation d’une culture
Pour illustrer les éléments constitutifs d’une culture, leurs liens et leur visibilité, on utilise souvent deux images, celles de l’oignon et de l’iceberg :
• L’oignon : la culture peut être imagée par un oignon dont les couches se superposent. Le noyau comprend les valeurs, et les couchent qui l’entourent sont des normes de comportement basées ou héritées des valeurs, et seule la dernière couche est visible. Voir la vidéo de Fons Trompenaar (5mn)
• L’iceberg : l’image de l’iceberg, dont la partie immergée est de loin la plus grosse, illustre le poids important – et souvent inconscient – des valeurs et des normes. Au plus profond se trouvent les valeurs fondamentales et inconscientes, qui forment instinctivement notre jugement du bien ou du mal, du vrai ou du faux, du désirable ou non, de l’acceptable ou non. Au-dessus de ces valeurs, les normes comportementales expriment notre interprétation de ces valeurs dans notre vie. Une partie seulement de ces normes sont observables (architecture, alimentation, langage, etc.). Voir la vidéo (2mn)
Dilemmes et chocs culturels
Lorsque nous rencontrons des personnes qui ont d’autres idées, d’autres habitudes, d’autres croyances, il peut nous arriver d’être confronté à des dilemmes (situations ou choix difficiles). Un dilemme illustre la difficulté que l’on peut ressentir lorsqu’on est confronté à une situation ou à une prise de décision qui touche à une ou plusieurs de nos valeurs profondes et aux normes de comportements qui en découlent.
Les expatriés peuvent être exposés, dans leur nouveau pays d’accueil ou lors de leur retour en France, à un phénomène de désorientation, le choc culturel, ressenti lorsqu’on est confronté durablement à un mode de vie qui ne nous est pas familier. Ce choc culturel connait en général une succession de phases plus ou moins sensibles : la lune de miel (l’enchantement), la désillusion (perte de repères), l’adaptation (ou l’échec), la maturité (intégration). Pour en savoir plus, voir la vidéo de présentation des phases d’un choc culturel
Pourquoi et comment développer des compétences interculturelles
Les compétences interculturelles nous aident à reconnaitre, à comprendre et à intégrer des pratiques qui se situent en dehors de notre zone de confort de notre propre culture.
• L’ouverture d’esprit : c’est une condition nécessaire pour entrevoir l’existence et la valeur en soi d’autres modèles que ceux que nous connaissons.
• La prise de conscience de sa propre culture : elle permet de fixer le cadre de référence de nos valeurs et normes et de relativiser ce que nous sommes (personnellement et collectivement)
• Reconnaître et respecter les différences : tout en se méfiant des déformations (stéréotypes et généralités), l’identification de différentes pratiques et de leurs justifications permet de les mettre en perspective.
• Réconcilier et reproduire : en fonction des objectifs, on peut intégrer ou s’approprier de nouvelles habitudes afin de s’adapter à un nouvel environnement.
Le caméléon s’adapte à son contexte
Le caméléon, capable de changer de couleurs en fonction de son environnement, illustre une des compétences interculturelles : savoir s’adapter et s’enrichir d’un nouveau contexte (voir la vidéo)
Attention aux clichés, aux généralités, et … aux jugements
Notre sensibilité peut être déformées par des croyances ou des préjugés infondés ou caricaturaux, tels que les clichés, des généralités ou des jugements de valeur.
• Les clichés : ce sont des stéréotypes qui peuvent déformer la réalité ; Vidéo bande annonce du film « Bienvenue chez les ch’tis » (2mn) – Vidéo sur quelques clichés français (6mn).
• Les généralités : ce dossier contient des généralités sur les Néerlandais et sur les Français ; pourtant, le Français ou Néerlandais type n’existe pas ; ces généralités donnent néanmoins des orientations, des tendances ou données statistiques moyennes, pour souligner des aspects remarquables ou distinctifs. Exemple : les Néerlandais sont en général de taille assez grande, mais peut-être que les Néerlandais que vous connaissez sont petits. Ces tendances ou traits caractéristiques existent aussi au sein d’un même groupe comme aux Pays-Bas (entre ceux qui habitent au-dessus et en dessous des 3 rivières) ou en France entre ceux du Nord et ceux du Sud. Lorsqu’au 17ème siècle Jean DE LAFONTAINE nous parle de la cigale (danseuse) et de la fourmi (travailleuse), il nous parlent de deux traits de caractère qui coexistent chez les Français.
• Les jugements de valeur : il n’existe pas de culture « meilleure » qu’une autre.
Une incompréhension entre Français et Néerlandais
Il y a des différences assez sensibles entre nos cultures, mais elles ne sont pas toujours visibles (nous sommes des voisins européens et nous nous ressemblons physiquement) et nous pouvons assez facilement vivre et travailler ensemble tant que nos attentes mutuelles ne sont pas mises à l’épreuve. La barrière linguistique reste un frein à notre compréhension et nos deux pays ont encore beaucoup à apprendre l’un de l’autre.
Nous nous ressemblons physiquement et pourtant nous sommes différents …
Le chapitre 3. de ce dossier analyse, domaine par domaine, quelques aspects culturels sensibles qui peuvent parfois mettre à l’épreuve nos comportements respectifs.
… et nous ne parlons pas la même langue
La barrière de la langue est un des obstacles à notre compréhension mutuelle. La langue néerlandaise présente des caractéristiques de prononciation (tonalité, accentuation) et de structure (inversion) éloignées du français.
5. En savoir plus …
Informations complémentaires pour approfondir le sujet de l’interculturel et des valeurs et normes néerlandaises, des stéréotypes et des clichés entre Français et Néerlandais, et bibliographie d’ouvrages de référence utiles pour mieux comprendre la culture néerlandaise.
Bibliographie interculturelle
• « L’entreprise multiculturelle » de Fons TROMPENAARS : présentation des dimensions interculturelles et des positionnements médians de chaque culture (notamment française et néerlandaise)
• « Les différences culturelles dans le management » de HOFSTEDE et BOLLINGER
• « La Logique de l’honneur / Gestion des entreprises et traditions nationales » de Philippe D’IRIBARNE : comparaison entre des cas d’entreprises aux Pays-Bas, en France et aux USA
• « Culture et gestion aux Pays Bas : les singularités du consensus » article de Jacqueline DE BONY (CNRS)
Autres publications sur la culture néerlandaise
• « Histoire des Pays-Bas des origines à nos jours » de Christophe DE VOOGD (Ed. Fayard)
• « La Hollande » de Thomas BEAUFILS (Ed. Le Cavalier Bleu)
• « Le Royaume qui porte l’eau à la mer / 5 saisons aux Pays-Bas » de Pierre-Jean BRASSAC (Ed. Autrement) : découverte des Pays-Bas au travers d’une itinérance poétique et curieuse tant dans les paysages (avec le vélo) que dans l’histoire contemporaine et sociale (portraits de personnalités marquantes)
• « Un champ de lys et de tulipes » (Jérôme PICARD) sur l’histoire interne des relations interculturelles au sein d’un des serives du groupe Air France KLM (2017)
• « Petites chroniques des Pays-Bas » blog d’Océane DORANGE (depuis 2016)
• « Les Néerlandais » de Céline L’HOSTIS (2018)
• « Une nouvelle histoire des Pays-Bas » de Thomas BEAUFILS (2018)
• Guides touristiques (à ne pas oublier, car ils regorgent d’informations)
• Abonnement aux lettres e-mail des Presses universitaires du Septentrion (Flandres et Pays-Bas)
Références des illustrations
• Les pictogrammes bleus et rouges utilisés dans ce dossier proviennent de « West meets east » (choc des cultures – pictogrammes de Yang Liu)
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Pour toute question, contacter l’auteur de ce dossier
Tanguy LE BRETON +31 648912280
Consultant interculturel, spécialiste des Pays-Bas
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