Les Néerlandais ont voté mercredi 20 mars pour élire leurs représentants dans les 12 provinces du pays (élections régionales). Ce fut l’occasion de débats qui ont porté sur des questions plus nationales ou internationales que locales ou régionales car ces représentants éliront à leur tour les sénateurs néerlandais en mai prochain (suffrage indirect comme en France). Les résultats issus des urnes ont été un mini-séisme politique avec l’émergence d’un nouveau leader anti Europe fédérale (Thierry BAUDET / Forum pour la démocratie) et la perte de la majorité gouvernementale au sénat. Cette nouvelle donne va obliger la coalition gouvernementale a trouver un nouveau parti politique partenaire pour des accords gouvernementaux sur des projets spécifiques. Le parti libéral démocrate du premier ministre Mark RUTTE perd de son leadership, les écologistes et les petits partis se renforcent.
Un nouveau parti anti Europe fédérale s’impose : le Forum pour la démocratie
C’est le Forum pour la démocratie et son leader Thierry BAUDET, qui marquent les esprits puisque ils deviennent « en un coup », sans avoir encore jamais eu de sénateur dans le passé, la première force politique au sénat avec 13 sièges sur 75. A la chambre des députés, ce parti a émergé en 2017 avec 2 sièges. Thierry BAUDET et son parti concurrencent directement Gert WILDERS et le parti populiste anti-immigration PVV qui de fait perd son leadership auprès des votants contestataires. Ce résultat tient en partie à la personnalité (universitaire / intellectuel) de Thierry BAUDET et on peut faire un parallèle avec l’émergence du leader Pim Fortuyn au début des années 2000 (assassiné en 2002 à quelques semaines des élections législatives et alors qu’il était crédité d’une victoire dans les sondages). Thieery BAUDET exprime une défiance aux partis au pouvoir à La Haye sur des questions telles que le climat (l’accord gouvernemental coute trop cher aux Néerlandais et l’écologie n’est pas une priorité) et l’immigration (une menace pour les Néerlandais). Et peut-être y-a-t-il encore une résonnance populaire des 2 référendums passés (non respectés par l’exécutif : traité européen de Lisbonne et Ukraine). Avec ce résultat, Thierry BAUDET et le FvD vont pouvoir peser dans les débats des 4 prochaines années au sénat.
Un recul sensible de 3 des 4 partis de la coalition gouvernementale
Le VVD, libéraux démocrates du premier ministre Mark RUTTE perd le plus de suffrages mais se maintient comme l’un des deux partis les plus importants. Le CDA, démocrates-chrétiens, perd une partie de ses sièges au sénat
D66, sociaux-démocrates progressistes, subit un revers important. Par contre, ChristenUnie, parti chrétien social, se renforce. Gouverner, c’est parfois décevoir… Peut-être faut-il voir ici les conséquences des tergiversations (et finalement de l’annulation) du projet des libéraux (VVD) d’exonérer l’impôt sur les dividendes des entreprises, ou encore les conséquences de la hausse au 1er janvier du taux de TVA réduite de 6% à 9% qui pèse sur la consommation, et l’augmentation sensible des prix de l’énergie pour les particuliers.
Une progression du parti écologique (GroenLinks)
Déjà bien réprésenté à la chambre des représentants en 2017, le parti écologique GroenLinks peut ainsi devenir un des nouveaux partenaires pour des accords sur projets avec la coalisation gouvernementale. Son jeune leader Jesse KLAVER a réussi à faire du climat une question centrale de ce scrutin.
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