À Amsterdam, “Plastic Whale” propose aux personnes de tout âge un tour en bateau de la ville durant lequel elles peuvent… pêcher du plastique ! L’entreprise utilise par la suite les déchets récoltés pour fabriquer du mobilier urbain.
La planète croule sous une marée de plastique. Chaque année, 6 à 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetées dans les océans. Depuis le 1er janvier 2018, 1,6 million de plastiques ont été déversés dans les océans, et le temps que vous lisiez cette ligne, 2.000 tonnes de déchets plastiques s’y sont ajoutées, selon le site de statistiques Planétoscope. Touché par ce fléau qu’il a constaté lors de ses voyages en Asie, Marius Smit s’était lancé un challenge il y a sept ans: créer un bateau conçu de toutes pièces avec des déchets plastiques. Comme il le raconte dans un TEDtalk datant de 2015, cette idée la mené à fonder la première société spécialisée dans la pêche de déchets plastiques : “Plastic Whale“. Aujourd’hui l’entreprise dispose non pas d’un bateau mais d’une dizaine, chacun fabriqué avec plus de 8.500 bouteilles plastiques. Avec ces bateaux écologiques, la société a eu l’idée d’impliquer les citoyens. Chaque week-end et durant deux heures de croisière, elle propose aux touristes de visiter la ville par les eaux…tout en pêchant des déchets plastiques dans le canal d’Amsterdam.
Les visites sont chaperonnées par un guide de Plastic Whale, programmées durant les week-end et réalisées entre 11h00 et 13h00. On peut réserver son ticket ici et y aller en famille, en amoureux, ou seul parmi un groupe déjà formé. À la fois les touristes et les riverains sont conviés. L’accompagnant peut présenter la ville en anglais et en néerlandais selon la langue que parlent les matelots d’une journée. L’entreprise fournit pour le trajet un gilet de sauvetage, un goûter, du thé et du café. Il est même question d’un prix : celui du bateau qui aura pêché le plus de déchets plastiques, et celui qui aura trouvé l’objet le plus original.
Entre 50 et 60.000 bouteilles plastiques recueillies en 2017
Le bateau écolo part du quai de Westerker et navigue sur le tranquille canal de Reguliersgracht. La croisière est alors agrémentée d’une vue des célèbres ponts de la capitale des Pays-Bas. En pêchant leurs déchets plastiques, les voyageurs trouvent énormément d’objets atypiques. Le Guardian en liste des exemples : des passeports, des portefeuilles, des clefs, des pochons de cannabis, et même une lettre à destination de l’Allemagne ! Un voyage étonnant qui n’est cependant pas gratuit : le coût est fixé à la somme non négligeable de 25 euros par personne.
Payer pour pêcher des détritus, un concept qui fonctionne. Ce sont déjà plus de 9.500 personnes qui ont effectué le tour d’Amsterdam à bord d’un bateau de Plastic Whale. Toujours selon le Guardian, la flotte de bateaux a baladé 6.000 personnes qui ont recueilli 50 à 60.000 bouteilles en PET (Polyéthylène téréphtalate, un plastique rigide) sur l’année 2017. Globalement, la compagnie d’eau néerlandaise Waternet a relevé que 3.500 kilos de déchets étaient sortis de l’eau d’Amsterdam chaque jour ! Victime de son succès, l’activité de pêche risquerait même rapidement de s’arrêter à Amsterdam, ce dont Smit a pleinement conscience. Selon ses mots, lorsque le canal aura été nettoyé de tout son plastique, l’entreprise n’aura plus intérêt à continuer les croisières. Le fondateur a même déjà exporté son concept à Rotterdam, et pense le faire en Indonésie et en Inde.
Un mobilier à base de plastique
Plastic Whale possède également une autre initiative phare. Avec les déchets plastiques qu’elle récupère, la société fabrique des meubles. Une idée issue d’un partenariat entre Plastic Whale et l’entreprise hollandaise de fourniture “Vepa” lancé le 22 février 2018. À base de Polyéthylène téréphtalate, le plastique pêché durant les croisières, la société a créé du mobilier urbain luxueux composé à la fois de chaises, de bureaux, de lampes et même des panneaux acoustiques. Le design des objets a été confié à la société néerlandaise “LAMA Concept“, qui s’est inspiré de la morphologie des baleines pour les réaliser. En effet les couleurs du mobilier tournent autour d’un “gris baleine” très présent et d’un marron chaleureux. Par exemple, le panneau acoustique porte des traits “rappelant la gorge d’une baleine” comme il l’est précisé sur le site de Plastic Whale. Le dessin de la lampe fait quant à lui écho aux bernacles (crustacés marins) qu’on peut trouver sur la peau d’une baleine. Les deux objets utilisent des lampes LED pour un éclairage respectueux de l’environnement. Plus encore, la chaise renvoie à la “forme majestueuse” de la queue de la baleine tandis que la table fait directement référence à la peau de la baleine. Un lien a l’animal marin que les créateurs expliquent par une métaphore: la baleine est “colossale et très vulnérable aux dégâts environnementaux”, tout comme les Océans qui doivent affronter le challenge du plastique.
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Grand Angle Pays-Bas n’est pas l’auteur ni le propriétaire de cet article. Il est ici relayé pour mettre en valeur un aspect des Pays-Bas en français.
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