Le style de communication est le domaine principal d’incompréhension entre Français et Néerlandais, car nos « politesses respectives » s’opposent parfois dans cette dimension. Les Néerlandais adoptent communément une communication directe, rapide, claire, alors que les Français pourrons préférer une communication plus indirecte, un peu plus formelle et nuancée.
Influence relative du contexte sur le style de communication
Selon chaque culture, les émotions peuvent être exprimées différemment. Dans certains pays, il est naturel d’exposer ses états d’âme tandis que pour d’autres cela est mal perçu.
Les Néerlandais ont des relations sociales plutôt objectives, factuelles et spécifiques (indépendantes du contexte), là où les Français peuvent introduire plus de subjectivité, d’émotion ou de sentiment (lié au contexte).
Une communication directe, claire et rapide
C’est un des points les plus sensibles entre Français et Néerlandais. Les manières de communiquer peuvent occasionner des incompréhensions dans toutes sortes de situations, tant privées que professionnelles.
A l’école néerlandaise, une grande attention est portée sur la capacité à résumer (samenvatten) et c’est une compétence évaluée ; ainsi l’expression « kort en krachtig » est une règle inculquée assez rapidement chez les élèves, à l’inverse de la France où il faut parfois produire un nombre minimum de pages pour un devoir.
Les « politesses » néerlandaises et françaises peuvent parfois s’opposer :
– Pour les Néerlandais, il est important de communiquer de manière directe, claire et rapide, sans trop se soucier du contexte et en utilisant le premier degré de manière factuelle
– Pour les Français, il est important d’introduire son message en prenant plus de temps et d’adapter le contenu et la forme au contexte voire aux émotions
Une opposition entre expression directe (NL) et indirecte (FR)
Ces images illustrent de manière un peu caricaturale, la différence en terme de communication entre Néerlandais en bleu (direct, rapide, factuel et au 1er degré) et Français en rouge (indirect, formel, contextuel et suggéré).
Exemples
1. A la question « voulez-vous un café ? », il faut répondre franchement par « oui » ou par « non » et ne pas répondre « non » par politesse latine en espérant que la question reviendra vite (le risque est que le café sera fait et servi, mais pas pour vous)
2. Votre nouveau voisin vous demande si vous pouvez garder son fils samedi matin. Vous aviez déjà prévu de faire des courses et cela ne vous arrange pas mais vous décidez de lui faire plaisir et vous acceptez (parce que pour vous c’est important pour l’avenir d’avoir de bonnes relations). Attention : il faut savoir dire non si cela ne vous arrange pas et poser d’autres questions pour juger plus précisément de sa demande (il ira peut-être jouer au golf ce samedi matin).
Une approche différente entre raisonnement inductif (NL) et déductif (FR)
Ces différences d’approche dans le raisonnement peuvent être utilement prises en compte dans les présentations professionnelles.
Pour les Néerlandais, le message important est exprimé rapidement et en premier : puis viennent les aspects induits par l’information principale.
Pour les Français, le message important doit être préparé avant d’être exprimé, sous la forme d’un raisonnement qui se déduit logiquement (thèse, antithèse, synthèse).
Une confiance à priori (NL) et une confiance à postériori (FR)
Les Néerlandais ont tendance à avoir confiance d’emblée dans les personnes qu’ils rencontrent pour la première fois (jusqu’au moment où des faits peuvent altérer cette confiance), là où pour les Français la confiance se construit par un relationnel (à postériori).
Cet aspect a également des conséquences en terme dans le style de communication.
Des questions ou des discussions parfois assertives ou intrusives
Les Néerlandais peuvent parfois poser des questions personnelles qui peuvent gêner. Il ne faut pas le prendre personnellement et se sentir libre de répondre ce que l’on souhaite.
Exemple : au travail, pour un entretien d’embauche on peut demander d’emblée à la personne qui postule si elle est mariée, si elle a des enfants, et pour chaque réponse négative demander pour quelles raisons (ce qui pour certains Français est un peu personnel et intrusif pour une première discussion).
Il ne faut pas hésiter en retour à poser des questions ou à demander quelque chose ou un service quand on le souhaite ; un proverbe dit en substance : « qui ne demande pas, n’obtient pas » (Nee heb je al, ja kun je krijgen – littéralement un « Non » tu as déjà si tu ne demandes pas et un « Oui » tu peux peut-être obtenir si tu le demandes).
Quelques conseils
• S’efforcer de communiquer de manière directe en allant rapidement à l’essentiel ou au sujet principal (sans allusion à un second degré qui sera probablement incompris).
• Ne pas hésiter à dire ce qu’on pense ou ce que l’on souhaite (ne pas oublier de répondre négativement à une invitation ou à une question, même si cela est difficile). Il est important d’apprendre à dire « non »
• Bien écouter ses interlocuteurs, rester concentré sur le contenu de la discussion et ne pas prendre personnellement des critiques (quand on est pas habitué on peut se sentir agressé par la brutalité des messages). Il est donc important de ne pas prendre les choses personnellement en se libérant de tout contexte et en se limitant au contenu du message au 1er degré. Ce que les Français peuvent percevoir comme des critiques personnelles sont souvent une marque d’estime des Néerlandais qui, en apportant une remarque qui vise toujours les actes, et non les personnes, considèrent leur interlocuteur et justement l’aide
• Laisser parler votre interlocuteur sans l’interrompre : en néerlandais, le verbe se retrouvant souvent en fin de phrase, cela oblige ou habitue l’auditeur à la patience.
• Ne pas hésiter à poser des questions (il vaut mieux poser plus de questions que pas assez) et à demander des évaluations sur comment les autres perçoivent votre action et votre comportement. Tandis que les Français considèrent souvent les questions comme intrusives, ne pas poser de question est perçu par les Néerlandais comme un manque d’intérêt pour son interlocuteur, voir un manque de politesse.
• Eviter d’exprimer une colère ou trop d’émotions : la colère est perçue comme un aveu de faiblesse et un constat d’impuissance imposée à une situation
• Respecter les engagements pris (par oral, par écrit, les rendez-vous, etc.) et si cela n’est pas possible, prévenir et éventuellement s’en excuser
• Eviter de revenir sur une discussion déjà eue : une fois une décision prise, il faut éviter de revenir dessus.
Cet article a été rédigé par Tanguy LE BRETON
Il fait partie des publications suivantes :
– Le dossier « Les Néerlandais et leur culture »
– Le guide de l’entrepreneur individuel francophone aux Pays-Bas
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