Cette flexisécurité néerlandaise, dont s’inspire actuellement la France, repose sur trois piliers. La législation en matière de protection d’emploi a été assouplie et la flexibilité accrue grâce à des règles d’embauche et de licenciement simplifiées. En contrepartie, les parcours de vie et professionnels ont été sécurisés, notamment grâce à un système d’indemnisations chômage considéré comme généreux. Les prestations de chômage couvrent une période de 3 à 38 mois, selon la durée d’affiliation du salarié, et correspondent à 75 % du dernier salaire perçu, puis à 70% à partir du troisième mois. Le modèle s’appuie sur un retour au travail rapide facilité par une offre de formation visant à développer l’employabilité des demandeurs, complétée par de fortes pénalités financières, au-delà du refus d’un certain nombre d’offres.

Les raisons d’un succès annoncé

Le succès de la loi « flexibilité et sécurité » a été sans appel sur le chômage, le faisant passer de 8,4% en septembre 1995 à 3,1% en avril 2001. La flexisécurité est alors apparue comme le nouveau remède applicable à toutes les économies en mal d’emploi. Le Danemark puis les autres pays scandinaves ont emboîté le pas des Pays-Bas, avec des résultats similaires.

Les effets de la flexisécurité sont indéniables sur l’économie néerlandaise. Toutefois deux éléments contextuels propres au début des années 2000 doivent les modérer. La période connaît, parallèlement à la flexibilisation du travail, une croissance économique, créatrice d’emplois, dans cette économie néerlandaise particulière, l’une des plus ouvertes d’Europe. Champions mondiaux du temps partiel, les Pays-Bas ont d’autant plus réduit leur taux de chômage que près de 50% des actifs travaillent à temps partiel pour une durée de travail effective moyenne de 30 heures hebdomadaires.

Surtout la flexisécurité n’aurait pu exister sans la capacité de dialogue et de négociation des partenaires sociaux néerlandais, qui résulte d’une longue tradition du pays à laquelle le nom de poldermodel a été donné. Ce système de dialogue socio-économique institutionnalisé et responsable, entre le gouvernement et les partenaires sociaux existe depuis des siècles aux Pays-Bas. « L’accord de Wassenaar » de 1982 signé entre gouvernement, patronat et syndicats lui a donné son statut actuel, dont la loi « flexibilité et sécurité » est le prolongement, selon Alexander Rinnooy Kan, sénateur et ancien président du principal syndicat patronal du pays.

Source huffingtonpost …