Source routard.com
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La force de l’un permet de dompter l’autre. Sur la mer, le vent gonfle les voiles. Aux Pays-Bas, le combat du vent contre l’eau est illustré par les moulins. Ils tournent pour gagner davantage de terre ferme. À 15 km de Dordrecht, facilement accessible depuis cette ville grâce navette fluviale Waterbus, s’élèvent les 10 moulins du site de Kinderdjik, classé au patrimoine mondial de l’humanité en 1997.

Soigneusement étalé dans la nature au bord de canaux, sur lesquels on peut voguer en bateau, cet ensemble compte parmi les mieux préservés au monde. Selon l’Unesco, « c’est un paysage artificiel exceptionnel qui illustre magistralement la bataille séculaire menée par les Hollandais pour drainer certaines parties de leur territoire et les protéger contre les inondations ».

Les moulins servaient à conserver au sec les terres basses de l’Alblasserwaard. Donc pas de farine, ni de meunier ici, mais 500 000 visiteurs par an. Et quinze familles qui habitent toujours dans ces moulins séparés de la rivière Lek par « la digue de l’enfant » (kinderdijk). Pourquoi ce nom ? La légende raconte qu’un bébé dans son berceau a été sauvé de la noyade par un chat vaillant.

À l’intérieur de ces bâtiments construits vers 1740, « il fait froid, et le confort n’est pas toujours au rendez-vous », raconte l’un de ses habitants. N’empêche, c’est un endroit très prisé puisque « la liste d’attente court jusque 22 ans. Une même famille est dans un moulin depuis dix générations » poursuit-il. Les touristes sont toutefois tenus à l’écart. La seule compagnie dont les habitants ont à se plaindre, c’est une colonie de hérons pourpres, l’une des plus importantes d’Europe.

Dans ce paysage de carte postale, à 2,5 m sous le niveau de la mer, trois moulins sont toutefois accessibles aux visiteurs. Et l’un peut se visiter, à la queue leu leu s’il vous plaît, tant l’espace pour circuler est étroit.

À l’intérieur, les escaliers raides, le grincement des mécanismes et une énorme poutre pivotante donnent l’impression d’habiter dans une horloge à pendule. À l’extérieur, le claquement et la vitesse du vent dans les pales donnent la chair de poule. Dans le moulin, une photo d’une mère de treize enfants rappelle qu’elle est décédée frappée par l’une des ailes. Brrrrr…